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A Padma, le nasi rawon d’Ibu Ririn rassemble les jeunes du quartier

On dirait une carriole en bois vert, j’avoue que pendant longtemps, je n’ai pas osé, ni même songé à y entrer. Il a fallu le « ayo, on y va ! » d’un ami local. 3m² de bonheur, de plaisanteries et surtout de parfums. J’ai toujours trouvé que l’on peut goûter l’amour dans certaines cuisines. C’est le cas chez Ma, de son vrai nom Ibu Ririn, cette petite nenek (grand-mère) javanaise qui concocte des petites merveilles toutes simples, toutes fraîches, au pied de son lit dans cet abri de fortune, avec l’aide de la très discrète et souriante Sri. La carriole magique abrite en fait des gamelles diverses et variées, toujours d’une qualité égale, c’est un peu piquant, et parfaitement cuit. Du poulet, du poisson pindang, du cumi dans son bumbu explosif. Son tempe est le plus croustillant que j’ai jamais gouté, son pare cuit al dente, ses terong parfumés et pas gras. Et ma grande découverte : le jengkol qui rappelle le marron mélangé à de la patate douce, le tout dans une sauce curry rendang-esque. Pour les avertis, de l’antre de sa chambre, on vous sort sa fameuse soupe rawon sur laquelle elle vient saupoudrer oignons séchés et pousses de jeunes haricots. Les jours de fête sont ceux où il y a du poisson frais. C’est du thon, et c’est une baignade de parfums, servi dans son jus avec bol de riz que l’on agrémente à la hauteur de sa faim ou de sa gourmandise. Un bonheur. C’est le fief des jeunes du quartier, du personnel des hôtels, des spas avoisinants ; mais aussi des beach boys, des Padma boys, des surfeurs, des working girls, des tatoueurs, des vendeurs de lunettes et de quelques rares « bule ». Ici, chacun se sert, sous l’œil de lynx de Ma. Commerçante d’antan, c’est un personnage haut en couleurs, elle connaît le gout et les prénoms de chacun, elle vous sert, vous cajole, fume sa clope et tapote sur sa calculette pour vous sortir votre addition qui, tout comme sa cuisine, n’est jamais salée. C’est bon, c’est pas cher, et c’est chaleureux. Ma ne ferme qu’à Idul Fitri, car sinon, qui va nourrir tous ces pauvres chéris !!!

Gang Pura Uluwatu 1, Legian Kelod (le gang juste après Jl. Padma Utara en venant de Seminyak)

Petit lexique pour bule curieux

Cumi cumi = calamar ; bumbu = marinade, généralement épicée ; pindang = poisson préservé au sel, sans séchage ; terong = aubergine locale ; tempe = biscuit fait de graines de soja écrasées et fermentées ; pare = bitter-melon ou en français margose (Momordica charantia), momordique, pomme de merveille, poire balsamique, concombre africain, concombre amer, courge amère, melon amer, paroka, mangé coolie, sorossi, autant de noms pour ce petit fruit très amer dont je ne connaissais pas l’existence ; jengkol = archidendron pauciflorum, j’avoue que j’ai dû demander à M. Google ce que ça pouvait bien être mais je n’ai pas trouvé d’équivalence en français! C’est un gros haricot… et ça fait rire les Indonésiens que nous aimions ça, ou que nous « pouvons » tout simplement en manger. Il semblerait que cela pue à la cuisson et en manger trop fait beaucoup faire pipi, voire déclenche des crises de goutte… nasi rawon = bouillon de bœuf de Java-Ouest servi avec un émincé de bœuf et garni de jeunes pousses de haricots. Explosion d’épices : noix de keluak (pangium edule), ail, échalotes, gingembre, curcuma, piment rouge, citronnelle, galanga, herbes aromatiques.

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