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A JAKARTA, LE CHANGEMENT, C’EST MAINTENANT

Auréolée du titre officiel et peu enviable de métropole la plus embouteillée au monde, la plus grande ville d’Asie du Sud-Est n’est généralement pas mise en avant pour ses infrastructures. Et si elle ne représentera certainement jamais un modèle d’organisation urbaine, Jakarta évolue physiquement beaucoup à l’heure actuelle.

Huit mètres par jour. Les mauvaises langues auront beau jeu d’affirmer que cela représente sensiblement la vitesse du trafic routier à Jakarta. Il s’agit en réalité de la distance creusée quotidiennement dans les tunnels du MRT (Mass Rapid Transit) de la capitale indonésienne. Ce projet de métro est l’arlésienne des projets d’infrastructures de l’Archipel. Sa première étude de faisabilité fut réalisée dans les années 90, à une période ou Suharto dirigeait encore le pays d’une main de fer.

Vingt-cinq ans plus tard, le projet avance enfin concrètement depuis septembre dernier. La première phase de la première ligne, nord-sud, devrait permettre quotidiennement à partir de 2019 à quelques 175 000 passagers d’utiliser les 15,7 kilomètres et 13 stations entre le quartier de Lebak Bulus, au sud de la capitale, et le rond-point de l’hôtel Indonesia, en plein cœur de la ville. La seconde phase de cette ligne ne devrait pas voir le jour avant 2020, et s’étirera sur 9 kilomètres et 8 stations supplémentaires vers le nord de Jakarta.

A terme, en 2027 selon les prévisions, le réseau couvrira une distance de 112 kilomètres (et 60 stations), la ligne nord-sud devant être complétée par une ligne est-ouest de 87 kilomètres incluant les villes satellites de Tangerang et Bekasi. A titre de comparaison, le MRT de Singapore s’étend sur 178 kilomètres (et 142 stations).

30 millions d’habitants pour le grand Jakarta
Ce mégaprojet, sans conteste le plus emblématique de la capitale à l’heure actuelle, inclut également neuf couloirs (pour un total de 123 kilomètres) d’un système de trains légers (le LRT, Light Rail Transit) qui reliera le MRT aux villes de la grande conurbation de Jakarta. Le premier de ces neuf couloirs devrait relier, en 2018 au plus tard, le centre de la capitale a l’aéroport Soekarno-Hatta.

Dire que Jakarta a besoin de ces évolutions en cours relève du doux euphémisme. La ville de plus de 10 millions d’habitants (plus de 30 millions avec la conurbation Jabodetabek, pour JAkarta, BOgor, DEpok, TAngerang et BEKasi) voit 1000 nouvelles immatriculations de véhicules chaque jour augmenter ses problèmes de trafic routier, et il est couramment estimé que sans ces investissements majeurs dans les infrastructures de transports publics, se déplacer en voiture y serait virtuellement impossible en 2020, la ville devenant ainsi un immense parking.

Bien qu’étant le plus iconique, tant par la taille que par l’attente qui l’a accompagné, le métro est loin d’être le seul projet faisant actuellement pousser des grues un peu partout dans le ciel pollué de la capitale. Les automobilistes ne sont ainsi pas oubliés. Sous l’impulsion de Jokowi dès 2012 puis d’Ahok après l’élection présidentielle de 2014, les deux derniers gouverneurs de la ville ont multiplié les flyovers, ces routes surélevées devant permettre de fluidifier le trafic routier en de nombreux points de la capitale. La construction du plus prestigieux d’entre eux a tout juste débuté à Semanggi, au cœur du quartier des affaires, et devrait être terminé dans un an.

Un peu plus au nord de la ville, ce mois de juillet doit voir l’ouverture officielle d’un nouveau terminal de containers au nouveau port de Priok. Celui-ci, sur une surface de 32 hectares, est le premier de trois terminaux offshores qui devraient permettre à Jakarta de moins dépendre des ports de Singapour et de gagner en efficacité. Ce terminal est en effet équipé d’un dock de 850 mètres pouvant accueillir les plus gros porte-containers, ce qui était impossible jusqu’à maintenant.

Un polder de 17 îles artificielles
Un peu plus à l’ouest, tous ceux voyageant en avion au départ ou à l’arrivée de Jakarta ont depuis de nombreux mois pu suivre l’évolution de la construction du nouveau terminal 3 « Ultimate » de l’aéroport de Jakarta. Sur plus d’un kilomètre de long, le bâtiment au design moderne devrait ouvrir officiellement après la fin du ramadan pour les vols domestiques et internationaux de la compagnie nationale Garuda Indonesia. Selon les prévisions, celui-ci devrait accueillir les vols internationaux d’autres compagnies à partir de mars prochain et à terme tous les vols internationaux de l’aéroport. Quand il sera opérationnel à pleine capacité le terminal 3 « Ultimate » permettra de recevoir 25 millions de passagers par an, s’ajoutant aux 52 millions de passagers annuels que l’aéroport voit défiler actuellement.

Même si ces équipements majeurs ne seront pas tous opérationnels à ce moment-là, les participants et spectateurs des Jeux Asiatiques de 2018, que l’Indonésie organise, devraient pouvoir bénéficier de ces évolutions. A l’occasion de ces jeux, d’autres infrastructures sportives vont voir le jour ou être rénovées à Jakarta, et le gouverneur Ahok a aussi récemment insisté sur sa volonté de voir les trottoirs du centre de la ville plus accueillants pour les piétons.

Le dernier projet de taille de la capitale est quant à lui, au sens propre comme au figuré, actuellement en eaux troubles. Il s’agit d’un projet de construction de 17 îles artificielles dans la baie de Jakarta. 16 de ces îles sont développées par des promoteurs pour ce qui sera des quartiers résidentiels et commerciaux. La dernière est consacrée au développement du port de Jakarta. Huit de ces îles sont d’ores et déjà en construction, mais les travaux y ont récemment été officiellement stoppés. A un conflit légal déjà ancien entre le gouvernement de Jakarta et le ministère de l’Environnement s’est récemment ajoutée une enquête pour corruption touchant pour l’instant certains des promoteurs.

An artist's impression of Jakarta planned sea wall development.
An artist’s impression of Jakarta planned sea wall development.

Quoi qu’il advienne de ces problèmes légaux, la capitale indonésienne vit certainement en ce moment ses transformations les plus importantes depuis la modernisation effectuée dans les années 60 sous la mandature du gouverneur Ali Sadikin. Celui-ci est depuis devenu un modèle. Nul doute qu’Ahok, dont le rôle est loin d’être négligeable dans l’évolution actuelle de Jakarta, en prendra à son tour le chemin pour peu qu’il soit réélu en février prochain à la tête de Big Durian.

 

 

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