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PASSER LES FETES DE FIN D’ANNEE A BALI , C’EST COMMENT ?

Comme tous les ans, la Gazette vous a préparé un spécial « Fêtes de fin d’année ». Cette fois, nous avons voulu savoir comment certains d’entre vous passaient ce moment de l’année si particulier ici. Et aussi comment ils conciliaient leurs traditions sur une terre si étrangère. Mais nous avons aussi demandé à des professionnels comment ils préparaient cette période qui représente un pic dans leur chiffre d’affaires. Nous avons donc réuni un panel avec d’un côté trois familles, une indonésienne, une française et une mixte russo-indonésienne, et de l’autre, un hôtelier, un restaurateur et un manager de boite de nuit. Alors, Noël et le Jour de l’An à Bali, est-ce que c’est vraiment différent ?

POUR CETTE FAMILLE FRANCAISE, NOEL A BALI, C’EST COMME EN FRANCE
manu01Pour ces Alsaciens, Manu et Céline accompagnés de leur fille Luane, les fêtes de fin d’année, c’est exclusivement à Bali et c’est ainsi depuis… 1998. Commerçants en France, ils passent plusieurs mois à Ubud tous les ans. « Ubud, cela représente bien Bali, nous aimons moins le sud », explique Manu. Et pour Noël, pas question non plus de sortir, depuis toutes ces années, c’est à la maison autour d’un bon diner français qu’ils passent le réveillon. Chez eux, chez des amis, au fil des ans, c’est à chacun son tour d’organiser l’évènement, avec sapin et… visite du Père Noël. « C’est la seule chose qu’on fait comme en France ici. On a les huitres, le foie gras, le champagne. Des cadeaux pour tout le monde et même un repas spécial pour les petits », rajoute Céline. Pour les adultes, chacun doit apporter un cadeau unisexe et c’est par tirage au sort qu’ils sont distribués. Manu concède en rigolant : « Organiser Noël comme en France, c’est un sacré budget ici, le double de là-bas. C’est toujours un peu difficile d’avoir des huitres. Le foie gras, on l’apporte nous-mêmes. On aime faire un bon gigot, avec un gratin dauphinois, le plateau de fromages et ça se termine classique avec la bûche. » Au réveillon du Nouvel An, c’est l’inverse, Céline et Manu sortent avec les mêmes amis et les enfants sont gardés à la maison par la baby-sitter. Ils expliquent que le repas est là bien moins important et que ce qui compte, c’est de s’amuser, de danser. Ils ont essayé les formules spéciales de certains grands restaurants mais ont gardé leur meilleur souvenir d’un pique-nique BBQ à moitié improvisé en plein air. « On évite les endroits trop courus, un peu par peur des attentats. Mais on s’est éclatés à La Favela il y a deux ans. Sinon, on reste à Ubud. L’an dernier, on a dansé à l’hôtel Uma par exemple et on a même débouché le champagne à minuit sur le pont de Campuhan, sous les feux d’artifices », conclut Céline.

A JENJA, LE MANAGER PREPARE TOUT DEUX MOIS EN AVANCE
jenja01Quand on gère un nightclub à Bali, on se prépare bien évidemment à cette semaine comme à nul autre moment de l’année. Pas question de se rater pour cette période d’affluence record. Mikael Vanneque, 36 ans, est le manager du fameux club Jenja, qui draine les foules depuis avril 2014. Pour ce Franco-Suédois qui vit à Bali depuis 2007, le booking des DJs commence deux mois à l’avance. « C’est une grosse saison et elle est courte. La compétition est à son maximum. Il faut réserver les gros noms de la musique électronique le premier », commente ce jeune manager qui a appris le métier dans le célèbre restaurant-bar de son père, The Living Room. A Jenja, Noël aura lieu le 23, avec le pape de la prod. techno de Detroit, Carl Craig. Le Jour de l’An, ce sera Lehar. Entre les deux, d’autres stars, pour une fin d’année festive inoubliable. « En saison normale, nous ne sommes pleins qu’à partir de 1h du mat, à cette période, c’est rempli à 11h avec la queue dehors », explique M i k a e l . C e t te a f f l u e n ce record veut aussi dire plus de contraintes, sécurité, dress code, interdiction aux mineurs, etc. Si l’heure de fin habituelle se situe entre 4 et 5 heures, elle peut dépasser 6 heures en cette période. Il faut créer des thèmes pour les soirées, de la déco spéciale, des dispositions inédites de dance floors comme l’an passé avec une scène extérieure. La capacité du club est de 400 personnes, les agents de sécurité à l’entrée doivent donc vérifier que cette norme est respectée. Si une soirée normale attire 400 à 500 personnes, pendant les fêtes, Jenja avale jusqu’à 1000 personnes par nuit. Le contrôle s’exerce aussi sur la répartition entre hommes et femmes et les agents ont un beeper spécial pour ce comptage. Les prix d’entrée varient selon les DJs. Les tables privées sont réservées à 6 millions de roupies au lieu de 5 habituellement. La salle du haut, baptisée Foyer, garde ses tables privées à 3 millions. Cette multiplication des salles et des événements à un but, nous explique Mikael : « Elargir nos directions musicales vers la scène underground. Ce qui fait notre réputation à Bali. »

SHOWS RELIGIEUX NON STOP DANS UNE FAMILLE PROTESTANTE
ruben05Dans une famille indonésienne protestante, les fêtes de fin d’année revêtent évidement des caractéristiques particulières. Pour Ruben Manafe, son épouse Ketut et leur fille Sandra, c’est une série d’événements qui commence début décembre et qui se termine début janvier. Arrivé de son Timor natal en 1992, Ruben s’occupe avec Ketut de la gestion de villas au quotidien. Cette petite famille vit dans un lotissement de Nusa Dua depuis 2002. Et comme tous les ans, leur fille Sandra se prépare au spectacle dans lequel elle joue. Cette année, il s’agit d’une pièce à thème sur la naissance du christ. L’an passé, elle avait dansé dans une chorégraphie de danse moderne et l’année d’avant, elle avait disputé le concours de chant. Mais cette année, Sandra est aux anges car elle jouera une pièce en donnant la réplique à ses meilleures copines. « Au dernier recensement, il y a deux ans, notre communauté s’élevait à 500 personnes, aujourd’hui, elle a doublé. Notre église est à Tuban », explique Ruben. Le jour de Noël, tout le monde est à la messe, mais avant et après, les autres festivités battent leur plein. Pour tous ces spectacles que montent la communauté, les endroits varient et changent d’année en année. Cela peut se dérouler à l’église, ou dans des hôtels. Le sud de l’île se répartit en une dizaine de secteurs et tous les membres de ces congrégations préparent des shows religieux. C’est dire qu’il n’y a pas de répit. Fait-on bombance à Noël ? « Oui, c’est vrai, on mange plus que d’habitude, mais on ne fait pas de menus spéciaux », précise Ketut en riant. Le 25 décembre, il y a tellement de monde à l’église que certains restent dans la rue. Et pour le Jour de l’An, c’est pareil, affluence record. Lors du réveillon, la famille reste à la maison avec la belle-famille balinaise et des amis. Tout le monde attend le décompte de minuit et personne n’est couché avant 2 ou 3 heures du matin. Mais les fêtes de fin d’année ne sont pas encore terminées. Comme tous les ans, elles vont déborder en janvier !

UN HOTELIER DE KUTA INSUFFLE LA TOLERANCE DANS LES VILLAGES
coverstory-gasnierPour ce manager d’hôtel, Noël est un moment unique de l’année. Pas simplement parce que c’est la peak season comme on dit dans le métier, que les touristes affluent en nombre d’Indonésie et du monde entier et qu’il faut laisser des souvenirs mémorables à ses hôtes. Thierry Gasnier vit depuis 32 ans dans l’Archipel avec sa famille (deux de ses filles, Cathy Sharon et Julie Estelle sont des célébrités du show-biz indonésien), et pour cet homme qui a passé plus de temps ici que dans l’Hexagone, Noël est au même titre que Lebaran, la grande fête de la fin du Ramadan, une occasion pour renforcer la cohésion de ses équipes, faire émerger les talents et favoriser la tolérance entre les religions. « Je réunis tout le monde, on ressort les notes de l’an passé et je leur laisse la parole, les idées émergent et chaque année, ils sont plus enthousiastes, se réjouit le patron du Kuta Beach Heritage Hotel qui appartient au groupe Accor. Ça laisse vraiment la part belle à la flexibilité, à la créativité. Et bien sûr, tout le monde met son grain de sel, est prêt à aider, par-delà les croyances et les religions et le Père Noël distribue des cadeaux à tout le monde dans l’hôtel, y compris bien sûr aux gamins des employés musulmans. » A cette occasion, les chrétiens de l’équipe offrent un repas à tout le personnel, c’est la tradition. « Nous avons une caisse pour chacune des trois religions principales, chacun y contribue à hauteur de 5000rp par mois et l’hôtel abonde aussi ce fonds qui sert à financer ce repas de Noël, nous précise l’hôtelier. Et si un gars me disait, je n’ai pas de religion, je lui dirais, t’es le bienvenu, ce qui compte, c’est l’Homme, pas sa religion, personne n’est exclu, chaque fête religieuse est une occasion de partage. C’est là, dans l’entreprise, qu’on a une carte à jouer pour prêcher la tolérance qui se répandra ensuite dans les villages et c’est plus pertinent que jamais en ce moment. »

UNE FAMILLE RUSSO-INDONESIENNE FETE LE NOEL ORTHODOXE
p1100198Nina Noersadi et ses 3 enfants ; Alexandra (12 ans), Artiom (9 ans) et Artemida (2 ans) vivent à Bali depuis 5 ans. Née à Tachkent en Ouzbékistan, Nina a déménagé à Bali suite à la rencontre de son deuxième mari, originaire de Lombok et père du petit dernier. Très proche de ses origines orthodoxes, elle essaye de suivre les traditions religieuses bien que celles-ci soient souvent incompatibles avec la vie sur l’île. Selon Nina, les Russes habitant à Bali cherchent souvent à échapper aux habitudes de leur pays d’origine et ne fêtent pas Noël. Deux prêtres orthodoxes indonésiens organisent régulièrement des messes. Originaires de Singaraja, ils louent des salles à Denpasar et Seminyak. La plupart des fidèles sont indonésiens ou américains, très peu sont russes. Pour le Noël orthodoxe, le 7 janvier, une messe aura lieu de 18h à minuit à Seminyak. Alors que dans les pays slaves la messe dure toute la nuit, ici elle ne dure que quelques heures, suivie d’un dîner collectif. Les croyants apportent des plats divers à base de riz, de poulet ainsi que des fruits. Pour renouer avec les traditions, Nina a décidé de créer sur Facebook un groupe d’orthodoxes à Bali pour inciter les gens à ne pas oublier leurs coutumes. Elle voudrait monter une crèche cette année pour raviver l’esprit de Noël orthodoxe sur l’île. « A Bali, je vis beaucoup plus ma spiritualité qu’ailleurs. Toutefois, j’ai besoin d’aller à l’église puisque cela fait partie de mes origines. Je voudrais que plus des personnes s’y intéressent pour créer un véritable esprit de communauté », dit-elle. Enfin, Nina organise pour le Jour de l’An une fête pour les enfants dans la pure tradition russe. Elle a loué une salle à Seminyak pour 76 enfants qui pourront profiter des cadeaux du Père Noël (Ded Moroz en russe), d’un spectacle et d’activités uniquement pour eux. Cette initiative a pour but de faire comprendre qu’on peut concilier la dolce vita balinaise avec les coutumes slaves, sans devoir choisir l’une au dépend des autres.

ON FAIT LA FETE TOUS ENSEMBLE CHEZ MASSIMO ET PAS QU’A NOËL !

coverstory-massimo-1Pas facile pour les restaurateurs de passer Noël en famille. Alors, Massimo, le chef et propriétaire du fameux restaurant italien homonyme de Sanur fait venir le 24 décembre ses deux filles au restaurant depuis qu’elles ont un et trois ans, toujours à la même table. Et chaque année, avec un éclair dans les yeux, elles voient leur père débarquer à 20h30 déguisé en Père Noël et leur offrir des cadeaux ainsi qu’à chacun des convives. Ensuite, tous les enfants accompagnent le père Noël pour installer le petit Jésus dans la crèche. Pour ce chef italien qui a commencé à travailler à Bali à une époque où on ne trouvait que des spaghettis Barilla à Tiara Dewata, il y a seulement 20 ans, Noël reste profondément ancré dans la tradition italienne de sa ville natale de Lecce. « Non seulement, j’ai apporté tous les santons de mon enfance que j’ai fait refaire en plus grand à Tegallalang pour décorer notre crèche, précise ce chef généreux et populaire, mais je perpétue la tradition culinaire de ma région. On farcit le poulet avec du foie, de la mie de pain, des raisins et du rhum et on déguste en dessert le panettone. On en confectionne d’ailleurs des centaines qu’on envoie à Jakarta et à Surabaya pour Noël. Et tous les convives sont accueillis le soir de Noël avec un vin chaud et des canapés dans notre jardin. » Une fois tous les clients partis, la fête continue avec le personnel qui aura droit aussi au poulet farci. « Je demande à mon staff de prendre ses dernières vacances de l’année en novembre, ensuite s’ouvre à nous une grande période de travail et de festivités qui commence avec Noël, se poursuit avec la soirée cabaret du Nouvel An où j’exerce aussi mes talents de magicien à l’occasion d’un show, puis c’est la Befana le 6 janvier, le nouvel an russe, le nouvel an chinois, mon anniversaire le 20 février… Je suis un latin, j’aime la fête, le partage, ça met tout le monde de bonne humeur, autant le personnel que les clients ! »

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