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PASOLA, FETE DES CAVALIERS DE L’ILE DE SUMBA

De par sa position au sud d’un chapelet d’îles appelées Nusa Tenggara Timur (NTT), à l’Est de l’Indonésie, l’île de Sumba a longtemps été ignorée des routes traditionnelles du commerce. L’histoire reste ici mystérieuse : les ancêtres arrivés en bateau il y a plus d’un millier d’années auparavant s’installèrent dans la péninsule de Tanjung Sassar au nord-ouest de l’île. Y avait-il une population originelle ? Celle-ci aurait-elle été décimée ? Le mystère demeure.

Les Sumba auraient navigué sur l’Asie du Sud-Est en provenance de l’Inde via le détroit de Malacca et Java. Ils apportèrent avec eux leur animisme et des chevaux pur-sang arabe, produit du commerce entre l’Arabie et l’Inde. A partir du 15ème siècle, avec les premiers comptoirs portugais et les musulmans installés à Java, un commerce se développera, troc du bois de santal (richesse de l’île jadis), chevaux contre porcelaines ou encore bijoux et armes. Ce n’est que plus tard, sous la tutelle hollandaise à la fin du 19ème siècle, qu’une structure coloniale sera mise en place et qu’on verra le début de la christianisation avec missions catholiques et protestantes.
De nos jours, l’animisme tient encore une grande place dans les nombreux villages autour de Waikabubak, la préfecture de l’Ouest. Le village est sous l’autorité du ratu, le garant de la tradition, qui dicte le culte des esprits ancestraux appelé Merapu. Difficile de pénétrer cet univers où les tabous sont nombreux.

Un mort emporte avec lui toutes ses possessions
Au 11ème mois du calendrier lunaire, la cérémonie du Wula Podu regroupe dans le village de Tabela tous les ratu des 12 villages les plus importants de Sumba-ouest. Pendant 3 jours, interdiction de voyager, de travailler dans les champs, de construire une maison. Des centaines de poulets sont égorgés, chaque soir, des danses au son du gong et des prières racontent la tradition. Jouxtant les rumah adat (maisons traditionnelles) au centre du village et disposés en arc de cercle, les tombeaux des anciens rajahs, tables de pierre, mégalithes sculptés posés sur 4 piliers circulaires et décorés de motifs géométriques que surmontent têtes de chevaux ou d’oiseaux, parfois de lézards. Ils protégent le village, purifient les lieux et défient le temps.
Sous l’autorité du ratu, le Merapu a pour fonction de garder, d’honorer et de concilier ensemble les esprits du passé, gardiens tout puissants de la vie terrestre, source de l’eau, du riz et du bien-être. De même, les Sumba croient qu’un mort emporte avec lui toutes ses possessions. Pendant les funérailles, buffles, chevaux, chiens, porcs et poulets sont sacrifiés et le corps du défunt est habillé de ses plus beaux ikat, paré de ses plus beaux bijoux. A Lai Tarung, la Uma Dapadaumu ou temple du Merapu, est le lieu de prières pour le ratu. On y conserve les reliques. Nul n’a le droit d’y pénétrer autre que lui. Un coffre contient les couteaux de pierre utilisés pour ciseler les piliers du temple et les batu kilat, ces pierres rondes ou ovales servant au culte.

Nous sommes à Sumba-ouest, la partie la plus belle de l’île, qui cache les plus beaux villages, ceux aux toits de chaume élancés. Les costumes en ikat sont parmi les plus beaux d’Indonésie, avec ceux de Flores et de Sawu. Les habitants ont une façon unique de porter leur costume, que ce soit à cheval dans la campagne ou au village, cela leur donne des airs de noblesse. C’est un peuple
accueillant, souriant et beau. Visages multiples et indéfinis attestant d’un grand mélange de races au cours des siècles, yeux en amande uniques, très noirs. Un peuple qui rit, chante et s’étonne toujours de rencontrer un étranger. Beaucoup demandent ce que nous sommes venus chercher si loin. La paix peut-être !

Ils attendent l’arrivée des nyale, ces vers marins multicolores
Février arrive, c’est le mois de la grande fête, du retour aux sources, aux valeurs ancestrales, le mois de la Pasola. Dans le langage Sumba, ce mot signifie « jet de lances sur un adversaire », avec une sorte de javelot dont on a aujourd’hui supprimé la pointe acérée. Cette festivité qui a lieu tous les ans annonce l’arrivée des nyale, ces vers marins multicolores qui s’échouent à marée basse sur les plages coralliennes, une semaine après la pleine lune. A Kodi et Lamboya en février, à Wanukaka et Gaura en mars. Le cycle du nyale marque la transition entre les saisons sèche et humide et correspond au repiquage du riz dans les rizières. Si les nyale sont nombreux, bien portants et colorés, alors la récolte de riz sera abondante et les maladies enrayées. S’ils sont cassants et meurent rapidement, cela signifie de grosses pluies qui vont détruire les récoltes. Le message est important pour les ratu car eux seuls sont habilités à lire l’avenir.

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