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LIBERTE DE CONSCIENCE

Le besoin de croire est pour tout le monde un élément central de l’identité et du rapport à la communauté. Les convictions idéologiques, politiques, diététiques, esthétiques, scientifiques ou théologiques peuvent fédérer autant qu’elles divisent.

Les Indonésiens dans leur diversité ethnique, linguistique et culturelle ont en commun de croire profondément aux forces des esprits et de la nature. Témoignage des pratiques animistes, la tradition orale dans l’Archipel est remplie d’histoires mêlant le surnaturel au sacré, le mystique au maléfique. Mais si tous partagent un même penchant naturel pour une certaine spiritualité, celle-ci est souvent empreinte de coutumes propres à leur région respective.

Alors quand s’est posée la question de rassembler le pays en une seule et même nation indonésienne, c’est sur la religion que les pères fondateurs ont misée. Ou plutôt sur les religions, au pluriel, tel qu’exprimé dans la devise nationale « Bhinneka Tunggal Ika », l’unité dans la diversité, et pour peu qu’elles soient monothéistes, 1er principe du Pancasila. Après avoir ajouté l’hindouisme dans les années 60 et le confucianisme dans les années 2000, on compte aujourd’hui 6 religions officielles avec également l’islam, le protestantisme, le catholicisme et le bouddhisme. De fait, l’Indonésie est bien un état laïc dans la mesure où aucune religion en particulier n’est privilégiée. Mais elle ne l’est pas pour autant dans le sens où nous l’entendons en France puisqu’elle ne détache pas le civil du religieux.

Pour se marier par exemple, il faut nécessairement que les 2 époux soient de la même confession et qu’une cérémonie religieuse précède le mariage civil. A l’exception de l’islam où le mariage religieux suffit. En revanche, et c’est une info qui si elle est d’importance est pourtant passée relativement inaperçue, il ne serait plus obligatoire depuis 2015 de faire mentionner une religion sur sa carte d’identité, ou cas échéant, d’avoir à choisir parmi les 6 officielles.

Maintenant que le concept de nation indonésienne repose sur des bases solides, que 97% de la population se déclare religieuse, il restait quand même plus de 245 cultes qui ne sont toujours pas reconnus. D’où l’idée de permettre à tout citoyen d’attester précisément de ses convictions réelles, en conformité avec son ethnie et ses origines, et de donner enfin une case à cocher à toutes ces cultures et tous ces croyants non répertoriés officiellement.

Tous sauf bien sûr ceux qui croient que Dieu n’existe pas, les athées, que l’on appelle aussi ici des communistes. Pour ceux-là, il n’y a toujours pas de place sauf peut-être en prison. Alors avis aux 3% qui n’avait pas bien dû comprendre la question. Au moment de refaire votre KTP, vous serez totalement libre de votre réponse. Et même pourquoi pas de faire comme 64 000 Australiens qui se sont récemment déclarés chevaliers Jedi. Ce que vous voulez, on vous dit. Ou rien, à vous de voir. Mais c’est vrai que si vous appréciez une vie plutôt sans histoire, il y a probablement 6 réponses plus judicieuses que les autres…

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