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LES BULE BOULETS

Récemment, tandis qu’on était tous là à scruter le ciel et l’Internet pour savoir si le Mont Agung allait ou non faire éruption, une compatriote écrivait qu’à Ubud il y avait de plus en plus souvent de secousses. Puis elle se ravise : « Ca pourrait être pire… je pourrais être en
France ! » – commentaire qui lui a valu une pluie de « likes ».

Moi aussi j’ai ri sous l’effet de la surprise, mais je me demande pourquoi il est de si bon ton de dénigrer notre pays d’origine. Ici, j’entends souvent des expats ou des touristes français dire que les Français sont tous des c. (sous-entendu : sauf eux). C’est de bonne guerre. Mais pourquoi la France avec, dans le même sac ? Plaisir de s’auto-flageller ? Pour se persuader qu’on a fait le bon choix en vivant ici ?

Ou parce qu’à force de s’efforcer de trouver les locaux parfaits, on finit par se défouler sur d’autres ? C’est louable d’apprécier le pays qui nous a accueillis et d’éviter de trop le critiquer… mais sa patrie, doit-on la traiter sans ménagement pour autant ? On est pourtant bien contents d’y retourner quand on a des bobos à soigner – merci, la Sécu !

Chaque fois que j’arrive à Bali, je m’entends dire que je dois être drôlement contente d’être ici. Certes, mais ce n’était pas l’enfer à Paris non plus ! Outre la culture et la bonne bouffe, je pouvais y communiquer avec les gens avec une franchise qui est difficilement possible en Indonésie !

Ce qui me dérange, c’est moins qu’on vénère les Balinais que le fait qu’on se montre sans pitié pour ses compatriotes. Pendant la campagne électorale française, j’ai été consternée de voir tant de bule se tirer dessus à bule rouges. Apparemment, tant que ça reste entre nous ça ne prête pas à conséquence…

J’ai pu constater que de nombreux touristes et expats semblent nourrir un complexe envers les Indonésiens, croyant qu’avec leur sourire candide et innocent, ils sont au-dessus de vilains sentiments comme la jalousie et l’envie. Pourtant il suffit de vivre avec eux pour constater que, même s’ils sont moins conflictuels que nous, ils se balancent eux aussi des vacheries, mais sans hausser le ton et en restant impassibles : les apparences comme d’hab !

Lors de mon premier séjour ici, mon guide s’est fait arrêter par des policiers. Je les ai regardés deviser paisiblement sur le bord de la route, j’aurais même juré qu’ils blaguaient. Quelle ne fut pas ma surprise quand, à son retour, mon guide s’est plaint que ces polisi lui avaient soutiré de l’argent !

Avoir des avis tranchés et voir tout noir ou tout blanc, c’est bien un trait de chez nous. Et là, pour ce qui est de la mesure et de ne parler que de ce qu’on connait, on aurait indéniablement à apprendre des Indonésiens !

Nancy Causse

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