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Brûlez vos ordures, empoisonnez votre communauté…

« Dioxines » est le nom donné au groupe de substances chimiques, toxiques, formées lors de la combustion de déchets domestiques, municipaux, commerciaux ou agricoles. A Bali, ces substances sont essentiellement le résultat de la combustion de déchets agricoles et domestiques. Brûler des produits à base de chlore, tels que PVC et certains plastiques contribue à la formation de dangereuses dioxines. Les dioxines sont des toxines durables qui ne se décomposent pas facilement, ni dans l’environnement, ni dans notre corps. Même si la production de dioxines pouvait être arrêtée aujourd’hui, la concentration resterait néanmoins élevée pendant plusieurs années. Ce phénomène de non-décomposition s’appelle « bioaccumulation », ce qui signifie que notre corps accumule les dioxines, atteignant éventuellement un niveau toxique.

Relâchées dans l’air, les dioxines peuvent voyager de longues distances, (souvenez vous du nuage toxique de Tchernobyl il y a quelques années et plus récemment le nuage de poussières volcaniques en Islande). Déposées dans les rivières, elles peuvent s’accumuler dans les sédiments, être transportées plus en aval ou même être ingérées par les poissons. Les dioxines se concentrent le long de la chaîne alimentaire. Elles se déposent sur les feuilles et plantes, sont ingérées en grande quantité par les herbivores, puis par les carnivores, comme nous, en fin de chaîne, accumulant donc les plus grosses concentrations. 95% des dioxines accumulées dans les graisses de notre corps proviennent de notre alimentation. Au fil des ans, nous avons accumulé tellement de dioxines que nous sommes pratiquement arrivés à saturation et les effets nocifs de ces substances ont déjà commencé à se faire ressentir.

Les chercheurs ont démontré que les dioxines sont toxiques à faible concentrations : 1 million de grammes suffit à tuer un cochon d’Inde en 2 à 6 semaines… Chez l’humain, les effets se font sentir sur le système immunitaire, système digestif (foie, intestins) et sur la peau (phénomène de chloracné – lésions acnéiques sur le visage et le haut du corps). Les dioxines causent aussi des cancers après 20 ans d’exposition. Elles traversent le placenta, résultant en fausses couches, stérilité, voir même handicaps à la naissance. Au Japon et à Taiwan, par exemple, les enfants nés de mères ayant consommé pendant leur grossesse des huiles de cuisson contaminées présentent beaucoup de problèmes physiques (faible poids, peau et ongles décolorés, dents et gencives anormales) ainsi que des problèmes mentaux (quotient intellectuel bas, apathie, mauvaise à court terme). Les dioxines affectent aussi le sperme du père. Ainsi les enfants, nés de vétérans de la guerre du Vietnam, exposés à l’agent orange (une dioxine), souffrent de malformations congénitales (cerveau, cœur, organes génitaux, spina bifida), de cancers et de trisomies.
Eviter certaines nourritures n’aide pas vraiment puisqu’une fois les dioxines dans un écosystème, elles sont partout. Ceci dit, réduire notre consommation de graisse en mangeant des viandes maigres, en enlevant la peau du poulet et des poissons, ne peut qu’aider. La meilleure stratégie est bien évidemment d’éviter la contamination de nos aliments ! Pour ce faire, il ne faudrait plus produire de dioxines, commencer donc par ne plus faire brûler nos déchets… En Europe, aux Etats-Unis et en Australie, de nouvelles lois ont permis de sérieusement réduire le niveau de dioxines dans l’environnement. Malheureusement, en Indonésie, brûler les ordures agricoles et domestiques reste la norme… Alors que faire ? Selon Dr. Michael Ricos, chercheur à l’hôpital universitaire de Singapor et à l’université d’ Adélaïde ( Australie), il est important d’éduquer la population. A cet effet, il recommande de former un comité pour éliminer les dioxines, enjoignant les autorités locales (Kepala desa, banjar, etc.), d’éduquer les membres du comité et la population villageoise sur les risques associés avec ces toxines en leur expliquant que pour cesser de produire des dioxines, il suffit d’arrêter de brûler les ordures. La tâche est énorme mais la qualité de nos vie n’en vaut-elle pas l’effort ?

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