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Bali et les Français, explication avec Asia Voyages

La relation entre Bali et les touristes français est faite de hauts et de bas. Depuis vingt ans qu’il est ici, Jean-Marc Lavergne sait de quoi il parle. Mais une chose ne peut être ignorée aujourd’hui, le nombre de visiteurs en provenance de l’Hexagone a battu tous les records ces dernières années (cf. La Gazette de Bali n° 57 – février 2010). « Dans les années 80, il y avait environ 20 000 touristes français par an en moyenne. En 2009, nous avons passé la barre des 110 000. En 1990, à mon arrivée ici, la France était en 15ème position du marché global et 4ème du marché européen, contre 7ème et 1ère respectivement aujourd’hui », explique ce diplômé de l’école de tourisme de Chambéry.

Alors, ces touristes français, qui sont-ils ? « Ils aiment bouger, découvrir, visiter. Ils ne restent pas à la plage plantés dans le sable. Ils veulent de la rencontre avec les gens, comprendre la culture. Dès que l’on sort des sentiers battus, on ne trouve pratiquement plus que des Français et des Hollandais », poursuit ce père de famille qui a démarré sa carrière indonésienne en pays Toraja dans les années 80. « Les Français sont également les moins sensibles aux événements, contrairement aux Anglo-saxons et aux Nord-asiatiques. Je me souviens, en 1998, lors de la chute de Suharto, seuls deux de nos clients avaient demandé à
rentrer
», explique Jean-Marc Lavergne.

Ouvert à Bali en 1980 dans la foulée d’un premier bureau à Bangkok, l’agence Asia Voyages, qui s’appelait à l’origine Transasia, est donc au cœur de cette relation passionnelle qu’entretiennent les Français avec l’île. « A l’époque, nous proposions du voyage individuel à la carte pour une clientèle aisée et plutôt jeune, des 30-40 ans. Aujourd’hui, notamment depuis une dizaine d’années et la baisse des prix de l’aérien, Bali s’est démocratisé. Parfois, nous organisons même des opérations spéciales, limitées dans le temps, avec des réseaux de grande distribution comme Carrefour et Leclerc ou sur des websites spécialisés comme ventesprivees.com. Certains clients
achètent juste un prix, c’est très différent maintenant
», continue-t-il.

Qu’est-ce qui fait l’attrait de Bali pour les visiteurs français ? Pourquoi reviennent-ils ici plus qu’ailleurs dans la région ? Jean-Marc Lavergne explique : « Les touristes français aiment le contact avec les Indonésiens. Ils considèrent qu’ils sont plus authentiques que dans d’autres pays voisins, qu’il se cache une réelle gentillesse derrière le sourire de bienvenue. C’est ce que nous vendons depuis toujours. Bali n’est pas proposé en balnéaire, mais pour la grande diversité et l’unicité de ses paysages. Nature, culture et contact vrai, c’est ce que nous offrons, le balnéaire étant plus indiqué sur d’autres iles de l’archipel comme Lombok. » Cette manne des touristes français attire donc les convoitises et de nombreux concurrents ont vu le jour ces dernières années, notamment en vente directe sur l’Internet. « C’est vrai, nous devons faire face maintenant à ceux qui utilisent le Net. C’est une nouvelle forme de distribution, une évolution logique. Nous avons bien évidemment des coûts plus importants qu’eux, mais nous offrons des services plus pointus et le sentiment de confiance qu’inspire un interlocuteur présent physiquement reste un plus indéniable », poursuit-il.
 
Toutefois, comme souvent en Indonésie, il y a toujours de la place pour ceux qui agissent en dehors de la légalité.
« Certains n’ont même pas de licence. Ou d’autres, parce qu’ils font des économies de frais de fonctionnement par ce canal de distribution, s’accaparent les guides francophones en les payant trois fois plus cher. C’est un peu crispant », poursuit Jean-Marc Lavergne. A cause du boum des Français, il y a aujourd’hui une véritable pénurie de guides francophones. Il y en aurait 120 en tout, « dont une quarantaine de vraiment bons seulement », rappelle-t-il. « Ces opérateurs indélicats leur demandent aussi de fournir leur propre véhicule, au détriment des compagnies de transport légales et de leurs employés. Les guides se retrouvent à conduire toute la journée, à commenter en conduisant. Cela parait dangereux sur les routes balinaises. Je pose aussi la question : sont-ils assurés ? Permettez-moi d’en douter. Ca, leurs clients ne le savent pas », ajoute encore Jean-Marc Lavergne.

Quelle évolution du tourisme à Bali ?
« Ce qui est à craindre pour Bali, qui souffre déjà d’une urbanisation difficilement contrôlée, c’est l’arrivée des charters. On en parle régulièrement, et cela pourrait bien arriver très prochainement. Il faut dire non à la “baléarisation” de l’île », s’inquiète Jean-Marc Lavergne qui rappelle qu’il y avait du bon dans le projet de concentrer les touristes à Nusa Dua dans les années 80. Aujourd’hui, le tourisme est partout et Bali perd de son authenticité. Sans parler de la construction de ces cages à lapins qui marquent un tournant inquiétant. En totale contradiction avec l’autre courant qui tente de vendre luxe et exclusivité. Deux forces qui s’affrontent ? « Le problème vient essentiellement des autorités qui n’ont qu’une idée en tête : faire du volume. Il est vrai qu’il y a plus de touristes mais la durée du séjour moyen baisse et les dépenses moyennes par personne également. 12 nuits en moyenne pour les Français, 4 pour la clientèle asiatique. Un Français dépense un peu moins de 100 dollars par jour en moyenne pour l’hébergement et le transport. Hors extras, qu’il est difficile de quantifier », explique-t-il encore.

Alors, les autorités ne seraient-elles préoccupées que par les objectifs ? Sans aucun doute. Mais pour l’instant l’histoire leur donne raison en dépit des prédictions les plus sombres. Souvenons-nous de la récente crise financière. Le ministre du Tourisme Jero Wacik avait affirmé que les gens afflueraient à Bali pour échapper au stress de cette crise, une déclaration qui avait prêté à sourire, pour ne pas dire à rire. Et bien, malgré tous les oiseaux de mauvais augure, le ministre avait raison. En 2009, alors que le tourisme s’est effondré dans toute la zone Asie, il a progressé de 20% à Bali. Et Asia Voyages et les autres acteurs du tourisme prévoient encore + 25% en 2010 !

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