Accueil Billets Le billet de Didier Chekroun

ASHES TO ASHES

Situé en pleine Ceinture de Feu de la nightlife du Pacifique, Bali a été en ébullition pendant des années. Mais depuis peu, les nuits de Seminyak, son épicentre, sont d’un calme digne de la famille Ingalls. Rues désertes, dancefloors clairsemés : même Jungle n’est plus en fusion, un véritable séisme !

La raison de ce cataclysme ? Un mauvais alignement des astres, un trou noir médiatique. Pendant une semaine, les médias n’ont rien eu à se mettre sous la dent. Pas le moindre génocide sympathique, kidnapping excitant, massacre providentiel, attentat sanglant ou autre friandise pour journaliste en mal de sensations. Pas même de jolie petite attaque chimique, de prêtre serial killer pédophile providentiel ou de scandale politique alléchant. Rien. Alors pour maintenir le niveau « halloweenesque » des infos de TF1 et consorts, on nous a vendu comme acquise l’éruption, pourtant toujours hypothétique, du Mont Agung. Tsunami sur les réseaux sociaux, ouragan médiatique et dramatisation de la situation.

Mais heureusement, dès la semaine suivante, les choses étaient rentrées dans l’ordre. Une vraie boucherie à Las Vegas (moi aussi je déteste la country music !), un croustillant attentat islamiste à Marseille et une révolution en Catalogne. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes et le pauvre cratère même plus fumant de notre volcan balinais disparaissait totalement des radars. Mais le mal était fait. Annulations en masse et tourisme en berne, la tectonique des plaques a eu raison de la techno de nos boîtes.

Chez les Grecs et les Romains, les éruptions étaient expliquées comme étant une manifestation divine. A la pizzeria Vesuvio, les discussions de comptoir vont bon train, on parle de colère des Dieux, concernant la musique proposée à Sky Garden. Les légendes et rumeurs se propagent aussi. Lors de l’incendie de feu-Townhouse, rebaptisée de manière énigmatique La Sicilia (un rapport avec l’Etna ?), on aurait retrouvé des traces de l’Atlantide. En attendant, tel le phœnix, un nouveau club renaissait de ses cendres à l’étage, répondant au nom troublant de Clandestino Bar.

Chaude comme la braise, une stratosphérique bombe atomique vêtue de bottes en Piton de la Fournaise troquées à une Réunion syndicale avec Inès de la Fressange sourit à l’entrée. Instantanément, je revois ma position sur les essais nucléaires. En cas d’éruption réelle, il se murmure que le WooBar, à W Hotel, pourrait transformer ses soirées « Silent Disco », où l’on danse avec un casque sur la tête, par des bals masqués avec distribution de masques à gaz. Enfin, pour voir la vie en rose bonbon plutôt qu’en bleu d’Auvergne, en ces tristes heures de catastrophes naturelles, entre le monde de Oui-Oui et les neiges du Kilimandjaro, voici le petit dernier : l’Eden Club, Jalan Dewi Sri. Pas de tremblement de terre ni de nuées ardentes en prévision mais un sacré culot d’ouvrir en ces temps troubles.

Avant de me transformer en Haroun Tazieff de la night balinaise, je dois vous avouer, avec leurs histoires de volcan, Ils commencent sérieusement à me les Pompéi !

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