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65-66 : DES RAPPORTS D’AMBASSADE PROUVENT L’IMPLICATION DES USA

30 000 pages de documents top secrets de la CIA sur les purges anti-communistes des années 65-66 en Indonésie viennent d’être déclassées.

Ces documents confirment que le gouvernement américain avait une connaissance parfaite de ces événements et apportait son soutien aux campagnes d’extermination de civils soupçonnés d’être affiliés au parti communiste indonésien ou à toutes organisations de gauche.

Des massacres perpétrés par l’armée et les civils qui ont fait entre 500 000 et 3 millions de morts selon les estimations et qui sont considérés comme faisant partie des pires exterminations de l’Histoire du 20ème siècle.

En 1965, l’Indonésie possédait le 3ème plus important parti communiste au monde et le président d’alors, le proclamateur de l’indépendance Sukarno, était un proche du PC, un socialiste par conviction et également farouchement anti-américain.

Ces violences, qui restent tabous encore aujourd’hui, et qui ont été réinterprétées par des décennies de propagande qui rejettent la faute sur le PKI et nient les massacres, ont été déclenchées par une tentative de coup d’état le 30 septembre 1965 que le général Suharto, qui a repris les affaires en mains avec les troupes sous ses ordres, a dit avoir été fomenté par les communistes.

Ces années représentent le pic de la Guerre Froide et la lutte pour le pouvoir entre les communistes, l’armée et les islamistes battait son plein sous l’œil des services secrets occidentaux, CIA en tête.

Le contenu de ses documents déclassés est pour le moins glaçant.

Selon un membre du staff de l’ambassade US du 28 décembre 1965, “les victimes sont extraites de zones peuplées avant d’être tuées et leurs corps sont désormais ensevelis plutôt que d’être jetés dans les rivières”, comme c’était le cas précédemment.

Le télégramme affirme que les prisonniers simplement suspectés d’être communistes sont “aussi livrés aux civils pour extermination.”

Un autre document de l’ambassade, du 17 décembre 1965, montrent une liste détaillée de leaders communistes à travers le pays qui ont été arrêtés ou tués.

Ces documents confirment également le rôle prépondérant des organisations musulmanes du pays dans les massacres.

Un câble daté de décembre 1965 du consulat US de Medan (Sumatra) affirme que les imams de la Muhammadiyah exhortaient les gens à l’obligation religieuse de “tuer les gens suspectés de communisme” car ils représentaient “l’ordre le plus bas des infidèles” et que “faire couler leur sang n’était comparable qu’à tuer un poulet”.

Un autre document note que des personnes sans connection avec le PKI étaient tuées par la branche jeunesse de Nahdlatul Ulama simplement pour des “rivalités personnelles”.

Ces documents montrent avec force détail à quel point les officiels américains étaient au courant et combien de personnes étaient tuées, note Brad Simpson, un chercheur de l’institut Indonesia and East Timor Documentation.

“La position des États-Unis à l’époque, c’était le silence”, explique-t-il.

Le chercheur indonésien Andreas Harsono rappelle qu’effectivement il n’a jamais trouvé le moindre commentaire public du gouvernement américain à l’époque sur ces massacres.

Aujourd’hui, malgré le fait que le mensonge propagandiste perdure encore en Indonésie, il y a désormais un intérêt grandissant des Indonésiens sur cette période noire de leur histoire qui empoisonne encore la société aujourd’hui.

Les 39 documents qui viennent d’être révélés au public appartiennent à une collection de rapports de l’ambassade américaine à Jakarta pendant la période 1964-68.

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